Underworld
Second Toughest in the Infants


5.0
classic

Review

by Eloriaz USER (9 Reviews)
September 28th, 2013 | 318 replies


Release Date: 1996 | Tracklist

Review Summary: Second Toughest in the Techno : Echos, lumières et pulsations : Bienvenue dans l'Underworld!

Dans une entrevue avec FaceCulture, Karl Hyde, le charismatique chanteur derrière les rythmes noctambules d'Underworld, a déja dit : « I write the poetry of cities, every day - that's my discipline ». Au fond, Hyde résume toute l'œuvre de son groupe. Son Underworld est la transposition des cités, - gratte-ciels, lampadaires, rues & boulevards -, dans le pouls de la techno et les chaleurs de la house progressive. Si nous tendons l'oreille aux trois albums que l'Underworld a produits lors des années 1990, c'est-a-dire a l'époque où Hyde et Rick Smith faisaient équipe avec Darren Emerson, chacun de ces opus sert de chapitre a un tout bien cohérent : dubnobasswithmyheadman, grand murmure tout en nuances où la techno hypnotise comme un baiser de la ville; Second Toughest in the Infants, cette espèce de monument métropolitain qui décolle comme un avion; Beaucoup Fish, enfin, le bourdonnant album qui explore les frénésies ainsi que les grooves des salons, des terrasses et des clubs. Et que dire de "Born Slippy .NUXX", cet hymne plus puissant que nature qui a remis au monde le jeune Renton.

Second Toughest in the Infants est probablement le plus spacieux de ces trois albums. Les morceaux progressent comme des vols d'aigle : battements de stade olympique, percussions endurantes et infatigables, lignes de basse épaisses et amples, visions sonores de majesté, où le spoken word de Hyde se déploie avec grâce. Avec une patience qui caractérise The Orb et sa house ambiante extraterrestre, ou les chorégraphies tribales de Leftfield, le Second Toughest de l'Underworld progresse, monte, descend, tourne a gauche, tourne a droite, s'arrête un moment puis repart avec une cadence différente. Il est la serrure parfaite pour l'une des clés de la musique électronique : variété des rythmes et des pulsations. Variété aussi dans l'humeur et le caractère : parfois rêveur et pensif, parfois tranquille et doux, parfois terrible comme un orage, Second Toughest joue sur toutes les couleurs et tous les fronts, prêt a vous envelopper de ses sensuelles berceuses ou a vous agripper de ses attrape-dancefloors. House et techno se mélangent au point d'être méconnaissables : on pourrait dire que la house de l'Underworld se technoïse et que sa techno se housifie. Quelques fois un souffle de drum & bass et quelques breaks inspirés se pointent le bout du nez. L'Underworld s'approprie les textures des genres électroniques et les modélise a son bon gré, désireux de plaire a la fois au casque d'écoute et a la piste de danse.

Quant a Hyde, il est chanteur autant que poète, véritable icône et tête d'affiche de la musique électronique des années 1990. Dans la lignée des murmures litaniques qui parcourent dubnobasswithmyheadman, la voix et l'âme derrière "Born Slippy" continuent a « écrire la poétique des cités ». Et tout comme l'instrumentation qu'il accompagne, Hyde ne ménage pas ses sentiments : il est visionnaire et hypnotique dans "Juanita: Kiteless: To Dream of Love"; harmonieux et intimiste dans "Banstyle / Sappy's Curry"; impénétrable et bizarroïde dans "Confusion the Waitress"; intense dans "Pearl's Girl" où on a l'impression de l'entendre a travers un porte-voix; mystérieux, délicat et presque fausset dans "Air Towel"; et puis "Stagger" est sûrement l'une de ses performances les plus personnelles, où le voila qu'il se confie a nous autant qu'il chante. Il explore les tons et les mots; d'un morceau a l'autre jamais il ne sonne le même et toujours il multiplie les horizons urbains.

your rails. you're thin. your thin paper wings. your thin paper wings in the wind. dangling. your sun. fly high. your window shattering.

Les deux premiers morceaux de Second Toughest sont les plus longs de l'album. On dirait deux moitiés, un yin et un yang : l'une dansante, l'autre plus contemplative. "Juanita: Kiteless: To Dream of Love" s'ouvre sur l'un des sons les plus mémorables que connaisse la musique électronique, répété pendant quelques minutes comme un motif sonique de quelque métal inconnu. Ce morceau, - bon sang, disons plutôt cette symphonie -, me fait penser a l'étendue d'une autoroute aux mille entrées & sorties. Il faut bien suivre une route afin de pénétrer l'Underworld après tout! Il est divisé en trois parties. Chacune met en scène une basse distincte : la première est ledit son métallique; la deuxième est semblable a un câble qui se perd dans l'infini; la troisième, la plus pénétrante, traduit la présence des voitures qui défilent sur cet autoroute. Tout au long de la composition, des lignes mélodiques et très songeuses accompagnent la voix de Hyde et les pulsations. Elles me font penser a des colliers de hautes lumières qui guident l'autoroute. A plusieurs reprises, quelque chose comme un rugueux riff de guitare apparaît le bref instant d'un éclair. Voila le parfait exemple de la fusion house & techno que l'Underworld aime a effectuer : pas tout a fait l'une, pas tout a fait l'autre, la musique brouille les pistes et crée du nouveau.

if they don't know and they don't know they're gonna find out soon enough. i'm so hot. as if that hurt. did you wash it. fester it around some. you don't even have to mind your own stuff. bring in the marines.

"Banstyle / Sappy's Curry" contient quant a lui deux parties. Lumières tamisées, atmosphère planante, la première plonge l'Underworld dans un jeu subtil et souterrain de drum & bass. Nous sommes a l'intérieur de quelque salle élégante, munie de lampions sur table qui éclairent visages amoureux et regards pensifs. La seconde partie, genre de marche downtempo, est remplie d'échos. Vous voila sur les trottoirs, évoluant comme un libre esprit parmi la cité de l'Underworld. Mais c'est la toute fin du morceau qui vole la vedette, où le rythme patient s'électrise tout a coup dans un breakbeat résolu et triomphant, hyper accrocheur et entraînant, semblable a une parade de héros tout droit sortis de Marvel.

she said you can do anything you want. she said you can be with anyone.
she said you can go anywhere you want she said.
she said you can say anything you need. she said you can be
anywhere you feel. she said just pick up the phone.


"Confusion the Waitress" est sans doute l'un des morceaux les plus étranges de l'œuvre underworldéenne. Plutôt minimal, quoique toujours progressif et constructeur, il braque les projecteurs sur un Karl Hyde qui nous parle de femmes. Touches délicates et battements raffinés se prennent la main dans ce sinueux poème aux allures languissantes. C'est la chanson des bars enfumés et des vérandas oisives, et a la place d'une diva jazzy au micro nous avons droit a un Hyde magnétique et excentrique. "Confusion the Waitress", de par sa nature plus expéditive que "Juanita..." et "Banstyle...", met la table pour les morceaux explosifs qui suivent.

Et, comme de fait, "Rowla" allume la fureur dansante que l'Underworld connaît si bien. C'est la bombe pure et simple de l'album, destinée a vous rentrer dans la tête comme un marteau piqueur, et dont l'unique objectif est de vous transformer en groove mobile. Chaotique, enlevé, tous azimuts et sans périmètre, "Rowla" porte plutôt bien son nom et déploie les glowsticks sous une texture de synthétiseur en ébullition. Il transpire l'électricité, a la manière d'une ampoule qui lance des étincelles alentour en grésillant de plus belle.

rioja. rioja. reverend al green. deep blue morocco. the water on stone.
the water on concrete. the water on sand. the water on fire. smoke.
the wind. the salt. the bride boat coming. dave in the water.
old man. einstein on top of his house. white deep blue
andalusia red yellow red yellow black car. red light.
far. black place. walls. blue chair. morocco. hamburg. paris.
the pieces of the puzzle are waiting. the water of the dark boats gliding.
the bride boats gone out to sea and dave is floating.
dave is floating. and old man einstein crazy in his attic. crazy crazy crazy crazy crazy crazy........


Place a "Pearl's Girl", enfant terrible et petit frère de "Born Slippy .NUXX", immense bobine échevelée des breaks les plus prodigieux qui soient. "Pearl's Girl" est un hymne électronique que vous ne retrouverez pas ailleurs : il est unique et absolu, total et entier, moins existentiel que "Born Slippy" mais plus fou encore. Il met toute la gomme, et davantage encore. C'est un effarant météore, un accident de la nature qui dure presque dix minutes mais qui passe comme cinq. Mais plus précisément c'est un hélicoptère, que dis-je, plutôt une formation d'hélicoptères qui vous foncent dessus! Pendant qu'une espèce de porte-voix transmet le discours paranoïaque de Hyde, les breaks et la basse effectuent l'acrobatie suprême : ils vous font danser grâce a des hélicoptères, ni plus ni moins. "Pearl's Girl" nous dit : la musique électronique est capable de faire parler les inventions et de vous faire danser grâce a elles! Les breaks incarnent une dizaine d'hélices qui passent a la fois comme une tornade et une fanfare, tandis que la basse vous traverse de ses moteurs fiers et grondants, véritable tigre ailé a fréquences dansantes. Plutôt qu'un feu d'artifices, voila une chorégraphie des airs. La seconde moitié de "Pearl's Girl", qui fait un peu le silence après la tempête, est habitée par une atmosphère grandiose qui vous fait revenir a vos sens et qui vous remet les idées en place.

bunny girl. happy shopper. bouncing ball. telephone dial. shifting sun.
are you waiting for a bus. effort. effort. women sleep.
who knows what happened to be my wish. the shop was open now.


"Air Towel", plus calme, nous ramène a l'ambiance gants-blancs et feutrée de "Confusion the Waitress". Il représente la house des manoirs en fête, la house que l'Underworld sculpte avec les mains d'un orfèvre qui rêve d'émeraudes extraordinaires et de rubis fantastiques. Hyde nous susurre a l'oreille et semble vouloir nous faire frissonner. "Air Towel" est orné de bips électroniques chaleureux; c'est tout un bain mousseux et parfumé de house. Lisse et superbe, il arrive a point après les festins sonores de "Rowla" et "Pearl's Girl".

"Blueski" est sans contredit l'OVNI par excellence de la discographie underworldéenne. Mais que viennent donc faire ces quelques riffs de blues dans un album house & techno? Le court intermède vient mettre un frein aux envolées dansantes et rythmiques de Second Toughest; il prépare l'auditeur a la conclusion "Stagger".

orange in the mouth again. straighten. wearing stonewashed denim again.
straighten. carrying something wrapped in plastic. straighten.
curled on the blue velveteen again. straighten. straighten.
siteless yellow highrise. bethnal green. straighten.


"Stagger" achève l'album sur une note grave et reposée. Les accents frénétiques qui peuplent tout le reste de l'album en sont absents. Notes mélancoliques de clavier et percussions assez frappantes mais austères soutiennent la performance émotive et chantée de Hyde. Morceau pour la maison, "Stagger" est réflexif. C'est un closer préoccupé qui se termine sur une batterie dure et forte qui cogne : voila, Second Toughest in the Infants nous a raconté son histoire. Fin. Rideaux.



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Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


Inspired by Jethro42 to write a French review and dedicated to my fellow mindleviticus.

I know, this is an English website. I know, this is an English album. I know, what the hell French yo what the fuck etc. etc. I know!!! And forgive me for that. But I wanted to review Underworld for some time now and English just wasn't working for me. I couldn't find a way to say what I wanted to say, so I decided to use my native language. If you are curious, at least Google Translate can give you a sense of what I say about this album. It's not great but it does a minimal job ^_^

However it gives Underworld a thread, and boy do they needed a thread! I know there is a review for the live album but it's like 6 years old and there are 3 comments in it... So why don't we start fresh again? :P

Soooo, there must be Underworld fans out there!! Show yourselves! Who loves them like me? What are your favorite tracks? Born Slippy oh yeah? Dance everyone?!?! Let's discuss people!

Links:
"Juanita: Kiteless: To Dream of Love": http://www.youtube.com/watch?v=s6pouE8YmoQ
"Banstyle / Sappy's Curry": http://www.youtube.com/watch?v=H5TVBIlyObw
"Pearl's Girl": http://www.youtube.com/watch?v=Q5GjVvlmg3o
"Air Towel": http://www.youtube.com/watch?v=cvTL1mIA3Bw

zakalwe
September 28th 2013


40368 Comments

Album Rating: 4.0

Tres Bon

Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


Merci Monsieur!!

ethos
September 28th 2013


1894 Comments


dude cool idk what's going on but im gonna check these guys out i gave nodubwithmywubman or whatever a chance like a year ago and found it really boring but maybe this will be different

Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


@ethos
"nodubwithmywubman" hahahahahaha! =)

Yes I strongly encourage you to check them out! They're one of the most important electronic acts of
the 90s. You could start with this album, but in my humble opinion Beaucoup Fish is their most
accessible :]

EDIT: Also, listen to "Born Slippy .NUXX"!!!!!! (and watch Trainspotting also if you haven't)

MrElmo
September 28th 2013


1954 Comments


Je ne sais pas si c'est le français qui fait ça mais les descriptions sont vraiment très belles en plus d'être bien écrites, je ne connait pas le groupe et peu la scène mais en tout cas tu m'auras donner envie de jeter un coup d'oeil maintenant, pos , du beau boulot pour sur!

Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


Merci énormément, je ne mérite pas ce compliment mais merci mille fois, means a lot to me =)

MrElmo
September 28th 2013


1954 Comments


De rien, en plus j'ai voulut voir vite fait combien il coutait sur amazon (étant immédiatement séduit par juanita) et il était là d'occasion en très bon état pour 0,01 euros, A sign maybe?

Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


Must be one! Je te souhaite une très bonne écoute MrElmo, and hope it gives you a great introduction to some seminal 90s techno/house ^__^

MrElmo
September 28th 2013


1954 Comments


Merci/Cheers!

zakalwe
September 28th 2013


40368 Comments

Album Rating: 4.0

"nodubwithmywubman or whatever a chance like a year ago and found it really boring but maybe this will be different"



dubnobasswithmyheadman is one of the greatest albums of all time, an absolute classic and Underworlds best.

The track Rez from the special edition of this album is possibly their greatest track though





mindleviticus
September 28th 2013


10628 Comments


I liked this more than dubno

mindleviticus
September 28th 2013


10628 Comments


Oh shit dude amazing French review. I love this album! Keep it up

TheCrocodile
September 28th 2013


2925 Comments

Album Rating: 4.0

Il était temps que quelqu'un écrive sur cet album.



Par contre, je crois que j'aime mieux Dubno.

Jethro42
September 28th 2013


18281 Comments


Le moins qu'on puisse dire, c'est que tu maîtrises la langue Française haut la main avec tes métaphores et allégories bien placées. Ça se lit même parfois comme un roman. On sent que l'Underworld est bien vivant. Le seul hic je dirais, c'est la longueur du texte qui saura décourager tout anglophone. C'est cependant vite pardonné par la qualité de l'écriture, et chapeau pour ça. Finalement, le ''a'' accent grave passe bien inaperçu! Have a big pos!

mindleviticus
September 28th 2013


10628 Comments


From what I could understand, it was a really well done review. Thank you fellow Canadian, Eloriaz !

IbenizGEO1
September 28th 2013


2261 Comments


I can't read this for some reason

scissorlocked
September 28th 2013


3538 Comments


pos

Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


@mindle: Cheers my friend! =)
@Jethro: Merci de ton temps et de ta lecture! J'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire. Heureusement
que c'est l'accent grave seul que Sputnik ne peut pas traduire! Oh et je comprends pour la longueur:
j'ai toujours l'habitude d'en beurrer épais :P
And thanks guys.

As for their 90s albums/Emerson period: I'm not sure if I have a preference between dubnobass
and Second Toughest. I started with the former. Dubnobass might be the most Underworld
of Underworld albums (if that even makes sense), while Second Toughest may be their most
ambitious ("Juanita", "Banstyle", "Pearl's Girl"...). As for Beaucoup Fish it is definitely
the craziest (holy wow "King of Snake", "Moaner") and the most dancefloor-friendly I believe.

Eloriaz
September 28th 2013


776 Comments


There is a magnificient (and recent) live version of "Born Slippy .NUXX" on YouTube:

shivers, shivers......

http://www.youtube.com/watch?v=fvc-zfK8G38

EDIT: also, obligatory this http://www.youtube.com/watch?v=W9ZNKGrpnKM



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